La restauration de 2008
Après une période de presque deux ans où il est resté complètement muet, l’orgue a bénéficié d’une restauration de grande qualité qui s’est achevée à l’automne 2008. Elle est l’oeuvre de la manufacture Giroud dirigée par Jacques Nonnet.
Le Comité de Sauvegarde de l’orgue, constitué autour de Jean Janin, a pris une part active au projet de restauration, notamment en terme de financement, l’autre partie des travaux ayant été financée par la Ville de Lyon, propriétaire de l’instrument.
L’ensemble de l’instrument a bénéficié d’une restauration complète dans tous ses organes. Les jeux de fond du grand-orgue, lacunaires, ont été complétés en conformité avec le projet original qui n’avait jamais pu être mené à bien. Deux jeux neufs ont été posés: au récit, une voix humaine (sur un emplacement prévu dès l’origine), et au positif, un cromorne.
La transmission originale, électro-pneumatique avec contacts à aiguille, était devenue dangereuse et défaillante. Elle a été remplacée par une transmission électronique. Un combinateur électronique permettant la mémorisation de 100 séries de 15 registrations a été placé, ainsi qu’un système Replay (permettant d’enregistrer le jeu de l’organiste pour le restituer, notamment à but de réécoute ou d’enregistrement).
Enfin, l’ensemble de la soufflerie du buffet nord (positif/récit), situé dans le clocher, a été isolé dans un caisson permettant de limiter les variations de températures de l’air alimentant les tuyaux.
Composition
Grand orgue (61 notes)
Bourdon 16′
Montre 8′
Salicional 8′
Flûte harmonique 8′
Bourdon 8′
Prestant 4′
Bourdon 4′
Doublette 2′
Fourniture IV
Trompette 8′
Clairon 4′
Positif expressif (61 notes)
Principal 8′
Cor de nuit 8′ *
Flûte 4′ *
Nasard 2’2/3 *
Quarte 2′ *
Tierce 1’3/5 *
Cornet V (=*)
Cromorne 8′
Trémolo
Récit expressif (61 notes, sommier de 73 notes)
Diapason 8′
Flûte creuse 8′
Gambe 8′
Voix céleste 8′
Flûte octaviante 4′
Octavin 2′
Fourniture IV
Basson 16′
Trompette 8′
Soprano 4′
Basson-hautbois 8′
Voix humaine 8′
Trémolo
Pédale (32 notes)
Flûte 32′
Flûte 16′
Soubasse 16′
Flûte 8′
Bourdon 8′
Flûte 4′
Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′
I/P, II/P, III/P
II/I, III/I,
III/I en 16, III/I en 4,
III en 16 et III en 4
Appels d’anches Pédale, GO, Positif, Récit et Tutti
Expressions Positif et Récit
Double registration
Crescendo
Combinateur
Replay
Esthétique instrumentale
L’orgue de Notre-Dame Saint-Louis est un représentant caractéristique de l’orgue post-symphonique, mouvement esthétique du milieu du XXe siècle, synthèse des conquêtes technologiques du XXe siècle, de la redécouverte de la musique ancienne et des acquis musicaux et sonores de l’orgue symphonique du XIXe siècle.
Les instruments post-symphoniques ont été beaucoup décriés à partir des années 50 et ce n’est que depuis très récemment qu’une prise de conscience est en train de se faire sur les qualités spécifiques de leur conception musicale et de leur facture. A Notre-Dame Saint-Louis, il s’agit d’un des rares instruments de la manufacture Michel Merklin Kuhn construit à neuf et préservé en sa quasi intégralité (à deux jeux près).
La conception sonore de l’orgue de Notre-Dame Saint-Louis s’inscrit dans la vision esthétique développée par Marcel Dupré, dont Marcel Péhu, qui donna la composition de l’orgue, fut l’élève.
La conception sonore où chaque jeu est parfaitement individualisé et trouve sa place dans une grande synthèse de tous les jeux, selon un grand crescendo. En même temps, du fait de la disposition en deux buffets et sans doute sous l’effet d’une première influence néo-classique (voir la composition du positif), les différents plans sonores peuvent être aussi utilisés de façon individualisée (grand-orgue et pédale à droite, récit et positif à gauche).
Malgré le peu de moyens dont on a disposé lors de la construction (du fait des restrictions de la période d’après-guerre), l’orgue a été construit suivant une véritable cohérence globale, tant sonore que technologique. Ainsi le recours à des sommiers à membranes: système très décrié par simple méconnaissance, il s’agit de véritables merveilles technologique, parfaitement adapté à cette esthétique sonore – avec ses caractéristiques propres en terme de pression, d’harmonie – , et dont l’entretien n’est pas plus lourd que celui d’un sommier à registre.
Dans son utilisation, c’est un instrument extrêmement souple pour l’interprète: la présence de 2 claviers expressifs sur 3, d’appels d’anche, d’un système de double registration. La console séparée permet une écoute de grande qualité par l’organiste.
Buffet et console
Le double buffet de l’instrument a été dessiné par l’architecte Louis Mortamet. L’ébénisterie en acajou a été réalisée par le lycée Lamache du Bachut à Lyon. Les moulures sont dorées à la feuille.
La console, séparée, est située au fond de l’abside, tournée vers la nef. Elle est construite en chêne. De part et d’autre des trois claviers, le meuble est plaqué en loupe de noyer. Les dominos de jeux basculants sont typiques de la facture MMK. Ils sont redoublés de petites languettes (double registration). Le nom des jeux est écrit sur des pastilles de couleurs propres à chaque clavier. A gauche; grand-orgue et fonds de pédale, à droite, récit et anches pédale, au fronton: positif.
Les combinaisons peuvent être appelées indifféremment au pied (pédales en fer) ou à la main (dominos).